SFMG - Société Française de Médecine Générale

Septembre 2011 Aicha SAID-AIT EL HAJ

RESUME

But de l’étude : Les statines ont montré leur efficacité dans l’hypercholestérolémie. Le poids des statines dans les dépenses de santé est élevé. Aussi nous avons souhaité évaluer la qualité de prescription des statines par des médecins généralistes français et répondre à la question : la qualité de prescription des statines par les omnipraticiens en 2007 s’est-elle améliorée entre 2004 et 2007 ?

Matériel et méthode : C’est une étude transversale qui a porté sur 5969 patients traités par statine et suivis de 2004 à 2007 par 84 médecins de l’observatoire de la médecine générale (Société Française de Médecine Général). La qualité de prescription des statines a été approchée par la mesure de la concordance avec les valeurs cibles de LDL cholestérol telles que définies par les recommandations en vigueur en 2004 puis en 2007.

Résultats : Les patients étudiés, âgés en moyenne de 63 ans, étaient en majorité en prévention primaire (79,8%) selon la définition de la recommandation de 2000. Un peu moins de 8% des patients ne présentaient aucun facteur de risque cardiovasculaire. Plus des trois quarts d’entre eux en présentaient 1 ou 2 (37,8% et 42,1% respectivement). Un patient sur huit présentait plus de deux facteurs de risque. Par comparaison à 2004, un patient en 2007 avait une probabilité moyenne d’atteindre les valeurs recommandées de LDL qui était multipliée par 7,7 (OR=7,7 ; [5,5-10,9]. L’amélioration a concerné avant tout les patients en prévention primaire (79,7% versus 61,9% ; p<0.001). A l’inverse, la proportion des patients à haut risque  cardiovasculaire qui atteignaient les valeurs cibles a diminué (18,9% versus 30,7% ; p<0,001) entre 2004 et 2007. Les variables associées à une meilleure prise en charge ont été le genre féminin et la consultation d’un médecin exerçant en zone urbaine.

Discussion : Notre étude confirme les résultats des autres études publiées sur ce sujet. La diffusion par l’AFSSAPS de la recommandation de 2005 sur la prise en charge thérapeutique du patient dyslipidémique a entraîné une amélioration des pratiques professionnelles. Cette prise en charge s’est améliorée pour les patients à faible risque cardiovasculaire, mais pas pour ceux à haut risque. Ce hiatus peut s’expliquer par les critères plus sévères à atteindre, donc plus difficiles à obtenir en raison des effets secondaires potentiels liés à l’intensification du traitement. Une autre explication est liée à la typologie du patient, multimorbidité dont on sait qu’elle pénalise l’adhérence aux traitements. Enfin, on ne peut exclure le défaut d’information et de formation des patients à la prise en charge de leur maladie.

Conclusion : La recommandation de 2005 a atteint une partie de son objectif. Il reste à comprendre les déterminants qui interfèrent avec une bonne prise en charge des patients à haut risque vasculaire. Ils sont à rapprocher de ceux qui interviennent chez
les patients à multimorbidité et qui ont fait déjà l’objet de nombreuses recherches.

Mots-clés : Dyslipidémie - Anticholestérolémiant - Facteur de risque - Maladies cardiovasculaires - Guide de bonnes pratiques