SFMG - Société Française de Médecine Générale

Octobre 2001 Cohen JM
Objectif
Décrire la ou les méthodes permettant de rater une étude épidémiologique.

Méthode
Ce travail, mené par un médecin généraliste de septembre 1976 à août 2001, décrit rétrospectivement des méthodes capables de provoquer des échecs de toutes sortes :
  • réseau d’alerte santé-nucléaire, enquête PAPA 94, étude marabouts et antituberculeux,
  • registre Anatole, création d’un logiciel médical, enquête sur l’impact de la grève hospitalière de 1983,
  • réseau VIH, GROG, transmission aérienne nocturne des infections, GGP, etc.
Summum de l’échec, l’auteur n’a même pas réussi à rester généraliste: il a dû renoncer à l’exercice de la médecine générale en décembre 1990.

Résultats
Chacune des 10 règles de comportement suivantes permet de bien rater une étude :
1. Ne doutez de rien, soyez sûr de tout, ne vous posez aucune question.
2. Lancez-vous sans but précis.
3. Cherchez à répondre à plusieurs questions à la fois.
4. Faîtes tout tout seul.
5. Considérez que la logistique suivra toujours.
6. Cultivez le secret.
7. Faites une démonstration de ballet nautique dans une mare à crocodiles.
8. Fatiguez-vous le plus possible, épuisez vos patients et votre famille.
9. Considérez l’inertie comme une maladie bénigne spontanément résolutive.
10. Ne gardez aucune trace écrite.

Objets à bannir
Fuyez toute personne susceptible de se servir des objets suivants : mouchoir, lime (à canines), fourchette, téléphone, fax , modem, gomme, boite archives.

Compétences nécessaires à un échec réussi - Courage, confiance en soi, sérénité, sens du sacrifice. Défauts rédhibitoires - Paresse, curiosité, humour, entêtement, loquacité.

Discussion
Les règles de conduite permettant de bien rater une étude sont assez faciles à suivre. Ce type de comportement n’étant pas rare en médecine libérale, il est probable que de nombreux médecins généralistes ont mené des recherches dans ce domaine sans que leurs résultats soient publiés. Cette lacune dans les données actuelles de la science pourrait être comblée par le SFMG en incitant les médecins à publier leurs échecs. 

Conclusion
Un médecin généraliste peut rater une étude épidémiologique et, même, persévérer.