Résumé
Objectif. Les rares données sur la iatrogénie extrahospitalière soulignent toutes sa fréquence et sa sous-déclaration. Les médecins généralistes l’identifient-elle dans leurs dossiers médicaux ? Les informations ainsi recueillies sont-elles suffisantes pour la décrire ?
Méthodes. Étude descriptive transversale sur une période de 35 mois au sein d’un réseau de recueil en continu de 112 médecins généralistes utilisant un thésaurus de diagnostics avec définitions, le Dictionnaire des résultats de consultation de la Société française de médecine générale. Outre le diagnostic de iatrogénie, les 15 variables étudiées ont porté sur les caractéristiques : médecins, patients, consultations, effets indésirables et traitements.
Résultats. Au moins un diagnostic de iatrogénie a été retrouvé chez 42 % des médecins, avec en moyenne 17 cas de iatrogénie par an (0,81). Les 1 899 patients concernés ont présenté 2 380 cas de iatrogénie et sont majoritairement des femmes (sex-ratio : 0,7). La tranche d’âge la plus représentée est celle des 50 à 59 ans. Les effets indésirables concernent le plus souvent la gastroentérologie (26,9 %), la neurologie (14,6 %) puis la dermatologie (14,2 %). Les 1 762 traitements incriminés concernent le système cardiovasculaire (28,2 %), neurologique (23,3 %) et les traitements anti-infectieux (2,3 %). Les médecins sont eux-mêmes les prescripteurs des traitements suspectés dans deux tiers des cas et l’automédication est de 1,7 %.
Conclusion. Un médecin sur deux recueille la iatrogénie. Les informations du dossier médical informatisé et structuré permettent son analyse précise. Les résultats retrouvés sont conformes aux données de la littérature scientifique. La variabilité d’un médecin à l’autre ouvre des pistes pour une optimisation de la déclaration de la iatrogénie auprès des centres de pharmacovigilance.
Summary
Summary
Do general practitioners identify iatrogenic in their medical records? Study of 2,380 cases of iatrogenic statements by French general practitioners
Objective. The only few data on non hospital iatrogeny stress its frequency and its scarce recording. We can wonder if general practioners identify it in their medical records and if the data collected are sufficient enough to describe it.
Methods. This transversal descriptive study was done on a 35-month period among a network of 112 GPs who steadily collected data. They used a thesaurus of diagnosis with definitions, the Dictionnaire des Résultats de Consultation. In addition to the diagnosis of iatrogeny, the 15 variables studied focused on the following characteristics: doctors, patients, consultations, adverse reactions and treatments.
Results. At least one diagnosis of iatrogeny was found for 42% GPs, which gives an average of 17 iatrogenic cases in a year (0.81%). The 1,899 patients concerned presented 2,380 cases of iatrogeny and are women in majority (sex ratio:0.7). The most common age bracket is the 50 to 59 years old persons. The most frequent adverse reactions are: gastroenterology (26.9%), neurology (14.6%) and finally dermatology (14.2%). The 1,762 treatments recorded concern the cardiovascular system (14.2%), the neurologic system (23.3%), and anti-infectious treatments (2.3%). The physicians are the ones who prescribed the suspicious treatments for two thirds of the cases and automedication counts for 1.7%.
Conclusion. One GP out of two collects iatrogeny. Thanks to the information contained in the structured computerized medical record, we are able to analyse it accurately. The final results match the data found in literature. The interdoctor variability opens the way to optimise the recording of iatrogeny with drug-monotoring centres.
Référencement
Chouilly J, Kandel O, Duhot D, Hebbrecht G. Les médecins identifient-ils la iatrogénie dans leurs dossiers médicaux ? La Revue du Praticien - Vol. 61 - Décembre 2011. p1418-1422