SFMG - Société Française de Médecine Générale

Juin 2009 François RAINERI - Pascale ARNOULD - Gilles HEBBRECHT
 Le médecin généraliste est tenu d’apporter à ses patients une information claire, loyale et appropriée sur la prescription médicamenteuse, présente dans 83 % de ses consultations.
L’étude EICLAT vise à éclairer la question de la faisabilité de ces obligations à la lumière des conditions objectives de la pratique de prescription des médecins généralistes de plein exercice (hors MEP), en évaluant, pour une activité de prescription habituelle de médecine générale, le nombre moyen d’effets indésirables potentiels rapporté au nombre de lignes de prescription par ordonnance.
Un total de 8 382 ordonnances correspondant à 34 427 prescriptions réalisées par 175 praticiens au cours du mois d’avril 2006 ont été analysées. La base Thériaque retrouvait pour ces médicaments à action systémique un total de 3 414 985 effets indésirables potentiels dont 1 633 015 effets indésirables différents pour une ordonnance donnée.
L’ordonnance moyenne était composée de 4 lignes de prescription correspondant à 407 effets indésirables potentiels, dont 194 différents. Un même effet indésirable était donc présent en moyenne deux fois par ordonnance. En restreignant l’analyse aux seuls effets indésirables fréquents et/ou graves, le nombre d’effets indésirables potentiels passait à 293 (-28%) dont 166 différents (-15%) ; seules 7 ordonnances ne contenaient aucune prescription concernée par des effets indésirables potentiels fréquents et/ou graves.
Les médicaments à SMR majeur ou important, présents sur 7 840 ordonnances pour un total de 24 127 lignes, exposaient en moyenne à 151 effets indésirables potentiels fréquents et/ou graves différents. Les médicaments à SMR insuffisant, présents sur 2 292 ordonnances pour un total de 3 887 lignes, exposaient à 37 effets indésirables potentiels différents fréquents et/ou graves.
Les médicaments du système cardio-vasculaire, les plus prescrits (4 383 ordonnances et 9 656 lignes) exposaient à 129 effets indésirables potentiels différents fréquents et/ou graves.
EICLAT est produite par les médecins libéraux eux mêmes devant l’absence de données fiables concernant les conditions de « sécurité » de leurs prescriptions. Elle montre que les informations produites par l’industrie pharmaceutique et validées par les autorités légales demeurent insuffisantes, tant dans leur nature, leur précision que leur exhaustivité. Elle objective que le volume d’information que la législation impose de délivrer au patient est au moins incompatible avec les conditions d’exercice actuelles. Elle montre que les logiciels d’aide à la prescription actuellement proposés aux médecins ne répondent pas suffisamment à leurs besoins dans ce domaine.