Janvier 1989
Placés à trois niveaux distincts d'analyse, généralistes, psychiatre-psychanalyste et sociologues, ont abordé une même entreprise médicale: la prise en charge d'un humain atteint de cancer.
Partiels, ces résultats ont été considérés dans leur rapport, leur interaction, d'où résulte la constatation de décalages constants entre la réalité et sa représentation.
Du point de vue que les généralistes ont pu mettre en évidence, par l’usage d'une méthode d'analyse sémiotique du récit et d’études quantitatives des messages, leur action se fait sentir à toutes les phases des programmes diagnostiques, thérapeutiques et de suivis. Elle apparaît, tant du point de vue de l’enchaînement des actions que de celui de la communication des intervenants. Leur rôle tend à contrôler, renforcer, médiatiser, donc à réguler la continuité des soins.
L'étude révèle une grande diversité de distorsions possibles dans ces enchaînements. Cependant, le résultat final n'est pas toujours carrelé à l'existence ou à l’absence de ces distorsions. Celles-ci naissent lorsqu'il s'agit de rétablir la complémentarité médicale entre deux attitudes mentales spécifiques : celle qui fait découler l'activité thérapeutique du généraliste d'une méthode inductive partant à la découverte de toute information, de tout indice, quels qu'ils soient, là où la démarche du spécialiste est plutôt déductive, celle qui applique un savoir et enferme son action dans des règles aussi strictes que faire se peut.
Du fait de ce décalage, il n'y a pas d'équipe mais plutôt un réseau virtuel d'intervenants possibles qui se matérialise sous la forme d'un "groupe" ; ensemble de personnes ayant quelque chose en commun : un cancer. Le groupe se transforme tout au long de la prise en charge du patient. Lorsque celui-ci a un généraliste, un espace, un "jeu " se créent où lui-même et son entourage peuvent réapparaître en tant que personnes dans la circulation des informations, mais aussi dans les choix et l'enchaînement harmonieux des actions. La démarche de l'anthropologue psychanalyste confirme comment et pourquoi le médecin généraliste se trouve engagé à l'hôpital dans le maintien de l'identité d'une pratique, la médecine, qui porte le paradoxe d'être une technique qui n'existe plus si elle se limite à elle-même, alors qu'elle reste un axe fondamental de nos cultures.
Le travail des sociologues souligne à nouveau un décalage, celui qui se concrétise entre la réalité et le discours ambigu de certains généralistes sur la technicité de leur rôle médical que la recherche où ils s'engageaient avec hésitation, a pourtant permis de mettre en évidence.
Pratiquement, nous pouvons dire que la reconnaissance du rôle légitime de chacun dans sa valeur thérapeutique et l'institutionnalisation de la fonction phatique par des rencontres entre médecins et l'usage "naïf", rituel du téléphone, seraient sans doute d'une grande efficacité pour améliorer les soins par le groupe.
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Partiels, ces résultats ont été considérés dans leur rapport, leur interaction, d'où résulte la constatation de décalages constants entre la réalité et sa représentation.
Du point de vue que les généralistes ont pu mettre en évidence, par l’usage d'une méthode d'analyse sémiotique du récit et d’études quantitatives des messages, leur action se fait sentir à toutes les phases des programmes diagnostiques, thérapeutiques et de suivis. Elle apparaît, tant du point de vue de l’enchaînement des actions que de celui de la communication des intervenants. Leur rôle tend à contrôler, renforcer, médiatiser, donc à réguler la continuité des soins.
L'étude révèle une grande diversité de distorsions possibles dans ces enchaînements. Cependant, le résultat final n'est pas toujours carrelé à l'existence ou à l’absence de ces distorsions. Celles-ci naissent lorsqu'il s'agit de rétablir la complémentarité médicale entre deux attitudes mentales spécifiques : celle qui fait découler l'activité thérapeutique du généraliste d'une méthode inductive partant à la découverte de toute information, de tout indice, quels qu'ils soient, là où la démarche du spécialiste est plutôt déductive, celle qui applique un savoir et enferme son action dans des règles aussi strictes que faire se peut.
Du fait de ce décalage, il n'y a pas d'équipe mais plutôt un réseau virtuel d'intervenants possibles qui se matérialise sous la forme d'un "groupe" ; ensemble de personnes ayant quelque chose en commun : un cancer. Le groupe se transforme tout au long de la prise en charge du patient. Lorsque celui-ci a un généraliste, un espace, un "jeu " se créent où lui-même et son entourage peuvent réapparaître en tant que personnes dans la circulation des informations, mais aussi dans les choix et l'enchaînement harmonieux des actions. La démarche de l'anthropologue psychanalyste confirme comment et pourquoi le médecin généraliste se trouve engagé à l'hôpital dans le maintien de l'identité d'une pratique, la médecine, qui porte le paradoxe d'être une technique qui n'existe plus si elle se limite à elle-même, alors qu'elle reste un axe fondamental de nos cultures.
Le travail des sociologues souligne à nouveau un décalage, celui qui se concrétise entre la réalité et le discours ambigu de certains généralistes sur la technicité de leur rôle médical que la recherche où ils s'engageaient avec hésitation, a pourtant permis de mettre en évidence.
Pratiquement, nous pouvons dire que la reconnaissance du rôle légitime de chacun dans sa valeur thérapeutique et l'institutionnalisation de la fonction phatique par des rencontres entre médecins et l'usage "naïf", rituel du téléphone, seraient sans doute d'une grande efficacité pour améliorer les soins par le groupe.
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