Janvier 1987
Les réflexions qui suivent se rapportent essentiellement à une interrogation sur la compétence en rapport avec la santé et la maladie. En effet, qu'il s'agisse de la compétence du médecin ou de celle des usagers, des jugements sont portés sur l'aptitude des uns et des autres à reconnaître la maladie et à la soigner, ou à prendre les décisions opportunes pour maintenir une bonne santé. Comment cette compétence est-elle évaluée, et par qui? Dans quelle mesure des stéréotypes culturels jouent-ils le rôle de critères de compétence et se substituent-ils à une mesure précise des résultats obtenus en termes de santé? La réponse à ces questions s'inscrit dans la perspective d'une sociologie culturelle des institutions du secteur de la santé.
J'ai choisi ce thème de la compétence parce que j'ai été frappé par l'importance que cette notion prend dans les réflexions et discours qui entourent la fonction de médecin généraliste depuis une vingtaine d'années (1), Or, à part le critère de la durée de la formation initiale et postgraduée, aucun moyen concret n'est mis en œuvre pour donner une validation empirique à toutes les affirmations (positives ou négatives) sur ce sujet. Dans l'étude des professions, on observe couramment une telle situation, où la formation initiale attestée est la condition nécessaire pour l'autorisation à exercer une activité, en l'absence d'évaluation institutionnalisée des résultats obtenus, hormis des fautes professionnelles graves. Or, les discours sur la compétence des omnipraticiens et les stratégies mises en avant sur ce thème par les milieux concernés constituent une étape significative du développement de la médecine, particulièrement de la médecine d'usage courant. Une telle floraison d'articles. de conférences, de livres et de prises de position traitant de façon globale des fonctions et des compétences d'une discipline médicale, et cependant aussi longtemps, constitue un phénomène unique, s'agissant de la' médecine générale. Aucune spécialité ni aucun autre mode d'exercice de la médecine (hôpital, recherche, hygiène, prévention) ne suscite pareille confrontation opposant des thèses de rejet entier (la médecine générale, c'est dépassé) à des désirs de revalorisation (la médecine générale peut mieux que toute autre répondre aux besoins de la population).
1 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ: La formation du médecin de famille. Rapport du Comité d'experts de la Formation professionnelle et technique du personnel médical et auxiliaire. Série de rapports techniques N° 257. 1963.42 p. Cité par E. Martin.: La place de l'omnipraticien dans la médecine de demain. Revue médicale de la Suisse romande. 89, 923-938. N° 10, 1969
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J'ai choisi ce thème de la compétence parce que j'ai été frappé par l'importance que cette notion prend dans les réflexions et discours qui entourent la fonction de médecin généraliste depuis une vingtaine d'années (1), Or, à part le critère de la durée de la formation initiale et postgraduée, aucun moyen concret n'est mis en œuvre pour donner une validation empirique à toutes les affirmations (positives ou négatives) sur ce sujet. Dans l'étude des professions, on observe couramment une telle situation, où la formation initiale attestée est la condition nécessaire pour l'autorisation à exercer une activité, en l'absence d'évaluation institutionnalisée des résultats obtenus, hormis des fautes professionnelles graves. Or, les discours sur la compétence des omnipraticiens et les stratégies mises en avant sur ce thème par les milieux concernés constituent une étape significative du développement de la médecine, particulièrement de la médecine d'usage courant. Une telle floraison d'articles. de conférences, de livres et de prises de position traitant de façon globale des fonctions et des compétences d'une discipline médicale, et cependant aussi longtemps, constitue un phénomène unique, s'agissant de la' médecine générale. Aucune spécialité ni aucun autre mode d'exercice de la médecine (hôpital, recherche, hygiène, prévention) ne suscite pareille confrontation opposant des thèses de rejet entier (la médecine générale, c'est dépassé) à des désirs de revalorisation (la médecine générale peut mieux que toute autre répondre aux besoins de la population).
1 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ: La formation du médecin de famille. Rapport du Comité d'experts de la Formation professionnelle et technique du personnel médical et auxiliaire. Série de rapports techniques N° 257. 1963.42 p. Cité par E. Martin.: La place de l'omnipraticien dans la médecine de demain. Revue médicale de la Suisse romande. 89, 923-938. N° 10, 1969
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