Le monde évolue et la notion même de références devient particulièrement complexe, voir périlleuse. Le fameux changement de paradigme épidémiologique des maladies aigües aux maladies chroniques, interfère avec celui des changements générationnels avec féminisation. L'ensemble est en interaction avec les transitions technologiques et sociales associé aux notions d'efficience et de contraintes économique et politique.
La notion même de normes médicales et sociales est périodiquement revisitée, au gré des crises remettant en cause les dogmes et arguments allégués comme solides jusqu'alors. Les vérités d'hier sont mises en périls ou au placard, souvent à juste raison, attestant de la fragilité des justificatifs et du peu de lecture critique de nombre de professionnels de la santé, mais aussi des insuffisances des agences sanitaires les plus diverses. La cohérence des dirigeants n'est malheureusement pas au rendez-vous.
En tant que pratique soignante en contexte d'incertitude la médecine générale, connait bien ces réalités, qui ne facilitent pas les missions du généraliste parfois définies, mais souvent incertaines dans leurs réalisations quant aux moyens opérationnels quotidiens.
Par ailleurs, certains professionnels seraient d’une part particulièrement perméables à la pression sociale des consommateurs et d’autre part trop influencés par le secteur des industries de la santé. De ce fait l'expertise est remise en cause et une meilleure lisibilité est souhaitée. Mais les contraintes de l'environnement social et économique sont là. D'un coté un décret en mai 2013 sur le "sunshine act" à la française sur l'indépendance et la transparence de l'expertise avec ses déclarations personnelles d'intérêts pour les acteurs concernés dont les limites sont déjà identifiées avec leur non accessibilité via internet ! De l'autre, après des mois d'attente, l'arrêté de fin juillet 2013 laisse le financement du DPC largement ouvert aux industriels des produits de santé. Cette décision a pour principe de référence l'ouverture du marché de la formation au plus grand nombre d’opérateurs européens.
Dans un tel contexte, la bateau du système de santé vogue ou erre en fonction des obstacles à court terme, attendant que les futurs responsables de demain engagent enfin les travaux de fonds indispensables tant attendus : définir un cap et s'y tenir ; utiliser les moyens disponibles, même s'ils sont imparfaits, mais surtout répondre aux priorités connues de longue date.
Le choix des soins primaires comme le socle du fonctionnement à l'instar des autres systèmes de santé européens doit être la priorité. C’est le cadre structurel indispensable à des parcours de soins cohérents. En France, les propositions de réformes structurelles sur l'ensemble du système de santé et de protection sociale restent des discours et s'accumulent dans les tiroirs.
Pourtant le vent souffle et la mer est de plus en plus menaçante. Les professionnels de la politique en connaissent tous les écueils. Leonard de Vinci écrivait que le professionnel qui s'engage sans règle dans sa pratique est un comme un marin qui prend la mer sans gouvernail ni boussole. Pourtant, même si par mauvais temps la navigation est un art difficile, les destinations possibles sont connues.
Apres N rapports successifs depuis 10 ans, des EGOS, au Haut Conseil de la santé publique, comment ne pas être inquiets du devenir du bateau et des passagers devant les incertitudes du sort réservé au rapport Cordier. Les 19 recommandations du comité des "sages" témoignent des écarts et contradictions entre besoins, recommandations et décisions politiques passées et actuelles. Il propose pourtant des solutions plausibles.
Ce dernier rapport sombrera-t-il à son tour dans les ténèbres pour l'essentiel ? Face aux multiples changements inévitables, comment la poursuite de l'homéostasie gestionnaire, peut-elle être une solution d'avenir ? Garant des conservatismes contradictoires, le gouvernement renonce(ra)-t-il à la pertinence et aux besoins dans ses choix de politique ?
Nous n'avons pas de déficit d'idées et d'intelligence collective, mais nous manquons de cohérence et de volonté dans l'action. Alors demain ? Ou après demain peut-être...
Dr Jean Luc Gallais, Directeur du conseil scientifique SFMG
La notion même de normes médicales et sociales est périodiquement revisitée, au gré des crises remettant en cause les dogmes et arguments allégués comme solides jusqu'alors. Les vérités d'hier sont mises en périls ou au placard, souvent à juste raison, attestant de la fragilité des justificatifs et du peu de lecture critique de nombre de professionnels de la santé, mais aussi des insuffisances des agences sanitaires les plus diverses. La cohérence des dirigeants n'est malheureusement pas au rendez-vous.
En tant que pratique soignante en contexte d'incertitude la médecine générale, connait bien ces réalités, qui ne facilitent pas les missions du généraliste parfois définies, mais souvent incertaines dans leurs réalisations quant aux moyens opérationnels quotidiens.
Par ailleurs, certains professionnels seraient d’une part particulièrement perméables à la pression sociale des consommateurs et d’autre part trop influencés par le secteur des industries de la santé. De ce fait l'expertise est remise en cause et une meilleure lisibilité est souhaitée. Mais les contraintes de l'environnement social et économique sont là. D'un coté un décret en mai 2013 sur le "sunshine act" à la française sur l'indépendance et la transparence de l'expertise avec ses déclarations personnelles d'intérêts pour les acteurs concernés dont les limites sont déjà identifiées avec leur non accessibilité via internet ! De l'autre, après des mois d'attente, l'arrêté de fin juillet 2013 laisse le financement du DPC largement ouvert aux industriels des produits de santé. Cette décision a pour principe de référence l'ouverture du marché de la formation au plus grand nombre d’opérateurs européens.
Dans un tel contexte, la bateau du système de santé vogue ou erre en fonction des obstacles à court terme, attendant que les futurs responsables de demain engagent enfin les travaux de fonds indispensables tant attendus : définir un cap et s'y tenir ; utiliser les moyens disponibles, même s'ils sont imparfaits, mais surtout répondre aux priorités connues de longue date.
Le choix des soins primaires comme le socle du fonctionnement à l'instar des autres systèmes de santé européens doit être la priorité. C’est le cadre structurel indispensable à des parcours de soins cohérents. En France, les propositions de réformes structurelles sur l'ensemble du système de santé et de protection sociale restent des discours et s'accumulent dans les tiroirs.
Pourtant le vent souffle et la mer est de plus en plus menaçante. Les professionnels de la politique en connaissent tous les écueils. Leonard de Vinci écrivait que le professionnel qui s'engage sans règle dans sa pratique est un comme un marin qui prend la mer sans gouvernail ni boussole. Pourtant, même si par mauvais temps la navigation est un art difficile, les destinations possibles sont connues.
Apres N rapports successifs depuis 10 ans, des EGOS, au Haut Conseil de la santé publique, comment ne pas être inquiets du devenir du bateau et des passagers devant les incertitudes du sort réservé au rapport Cordier. Les 19 recommandations du comité des "sages" témoignent des écarts et contradictions entre besoins, recommandations et décisions politiques passées et actuelles. Il propose pourtant des solutions plausibles.
Ce dernier rapport sombrera-t-il à son tour dans les ténèbres pour l'essentiel ? Face aux multiples changements inévitables, comment la poursuite de l'homéostasie gestionnaire, peut-elle être une solution d'avenir ? Garant des conservatismes contradictoires, le gouvernement renonce(ra)-t-il à la pertinence et aux besoins dans ses choix de politique ?
Nous n'avons pas de déficit d'idées et d'intelligence collective, mais nous manquons de cohérence et de volonté dans l'action. Alors demain ? Ou après demain peut-être...
Dr Jean Luc Gallais, Directeur du conseil scientifique SFMG