Cette fois c'est fait. On l'attendait, il était imminent depuis… 14 ans. Le Dossier Médical Partagé est opérationnel. L'histoire de ce fameux DMP est un cas d'école exemplaire de la déconnection de décideurs cooptés, avec les nécessités de la vraie vie au quotidien.
Dès son lancement en 2005, la SFMG avait pris rendez-vous avec le GIP-DMP tout nouvellement mis en place par le Ministre de la santé de l'époque, Monsieur Douste-Blazy. Très volontariste le ministre annonçait la mise en place du dispositif pour… début 2007. Après ajustement l'objectif était légèrement décalé à… 2009.
La SFMG avait rencontré Monsieur Dominique Coudreau, premier directeur de ce GIP-DMP. Un peu enthousiaste, nous voulions nous entretenir avec lui du contenu des données qui allaient circuler dans ce DMP. On parlait à l'époque de Dossier Médical Personnel. Nous avions été très surpris par son intérêt obsessionnel pour le contenant et non pour le contenu. Nous pensions que l'important était l'inverse. L'entretien avait été très bref, écourté même et d'un ton suffisant monsieur Coutreau nous avait laissé converser avec un de "ses collaborateurs". Je me souviens encore, après cette réunion, de la phrase dépitée du confrère qui m'accompagnait (il est actuellement président de la SFMG) "et bien là, on en prend pour 15 ans". La suite on la connait. La Cour des comptes, a plusieurs fois critiqué ce projet, qui, sans n'avoir jamais été mis sur les rails, a pourtant suivi sa course.
Automne 2018, pendant que nos patients passent leurs nuits sur les ronds-points de nos campagnes, la CNAMTS lance à grand renfort de publicité son DMP. Affiche, flyer et dépliant en papier glacé, inondent les pharmacies et nos boites à lettres.
Ouvrez un DMP, regardez le dossier d'un patient. Le constat est affligeant. Ce dossier sera tout au plus un archivage à plat d'informations disparates. On a bien compris que l'important est de pouvoir dire qu'on a débouché. Que le DMP est en place. Combien aura couté cette opération depuis 14 ans ? Je tiens un dossier médical informatisé pour chacun de mes patients depuis 23 ans. Je peux vous assurer que ce DMP est inexploitable pour un médecin au quotidien *. Pire, l'organisation et la gestion de ce dossier va créer un effet délétère nommé "Collusion de l'anonymat" qui sera préjudiciable à la qualité des soins. On nous prédit de manière tout aussi hautaine que de nos jours, l'intelligence artificielle va nous aider à nous y retrouver et identifiera dans la masse des informations, celles qui seront utiles au soignant, au moment voulu.
Si les gilets jaunes savaient ce que la CNAMTS fait des deniers publics. Et si l'on faisait la somme du coût :
Dès son lancement en 2005, la SFMG avait pris rendez-vous avec le GIP-DMP tout nouvellement mis en place par le Ministre de la santé de l'époque, Monsieur Douste-Blazy. Très volontariste le ministre annonçait la mise en place du dispositif pour… début 2007. Après ajustement l'objectif était légèrement décalé à… 2009.
La SFMG avait rencontré Monsieur Dominique Coudreau, premier directeur de ce GIP-DMP. Un peu enthousiaste, nous voulions nous entretenir avec lui du contenu des données qui allaient circuler dans ce DMP. On parlait à l'époque de Dossier Médical Personnel. Nous avions été très surpris par son intérêt obsessionnel pour le contenant et non pour le contenu. Nous pensions que l'important était l'inverse. L'entretien avait été très bref, écourté même et d'un ton suffisant monsieur Coutreau nous avait laissé converser avec un de "ses collaborateurs". Je me souviens encore, après cette réunion, de la phrase dépitée du confrère qui m'accompagnait (il est actuellement président de la SFMG) "et bien là, on en prend pour 15 ans". La suite on la connait. La Cour des comptes, a plusieurs fois critiqué ce projet, qui, sans n'avoir jamais été mis sur les rails, a pourtant suivi sa course.
Automne 2018, pendant que nos patients passent leurs nuits sur les ronds-points de nos campagnes, la CNAMTS lance à grand renfort de publicité son DMP. Affiche, flyer et dépliant en papier glacé, inondent les pharmacies et nos boites à lettres.
Ouvrez un DMP, regardez le dossier d'un patient. Le constat est affligeant. Ce dossier sera tout au plus un archivage à plat d'informations disparates. On a bien compris que l'important est de pouvoir dire qu'on a débouché. Que le DMP est en place. Combien aura couté cette opération depuis 14 ans ? Je tiens un dossier médical informatisé pour chacun de mes patients depuis 23 ans. Je peux vous assurer que ce DMP est inexploitable pour un médecin au quotidien *. Pire, l'organisation et la gestion de ce dossier va créer un effet délétère nommé "Collusion de l'anonymat" qui sera préjudiciable à la qualité des soins. On nous prédit de manière tout aussi hautaine que de nos jours, l'intelligence artificielle va nous aider à nous y retrouver et identifiera dans la masse des informations, celles qui seront utiles au soignant, au moment voulu.
Si les gilets jaunes savaient ce que la CNAMTS fait des deniers publics. Et si l'on faisait la somme du coût :
- du fameux carnet de santé papier (vous vous souvenez sans doute de ce petit calepin jaune vertical, diffusé en 1996 avec la même énergie communicante que le DMP aujourd'hui et qui était parfaitement inopérant).
- du chantier de la carte vitale qui lui n'aura mis reconnaissons-le, qu'une petite dizaine d'années à voir le jour, mais dont l'apposition d'une photo d'identité ** bien coûteuse, n'a toujours pas trouvée d'explication rationnelle.
- de ce chantier du DMP dont le rapport qualité / prix n'est pas près de s'inverser…
Oserais-je aller "en mairie" comme on dit, porter ma contribution à la grande concertation publique lancée par notre président ? A qui dois-je dire que le dossier médical est jusqu'alors documenté à l'hôpital par… les externes et en villes par les médecins traitants ? A qui dois-je dire que la SFMG a depuis des années une expertise adaptée sur les informations et le dossier médical ? A qui dois-je demander des nouvelles des successifs responsables de ces gâchis pécuniaires ?
Olivier KANDEL
Membre titulaire de la SFMG
Ces propos n'engagent que l'auteur
Oserais-je aller "en mairie" comme on dit, porter ma contribution à la grande concertation publique lancée par notre président ? A qui dois-je dire que le dossier médical est jusqu'alors documenté à l'hôpital par… les externes et en villes par les médecins traitants ? A qui dois-je dire que la SFMG a depuis des années une expertise adaptée sur les informations et le dossier médical ? A qui dois-je demander des nouvelles des successifs responsables de ces gâchis pécuniaires ?
Olivier KANDEL
Membre titulaire de la SFMG
Ces propos n'engagent que l'auteur