SFMG - Société Française de Médecine Générale

Janvier 2002

La médecine générale à la « Une » des médias, du jamais vu ! Les discours des politiques et syndicalistes de tout bord venant au secours des revendications des médecins généralistes, du jamais entendu !

Depuis quelques semaines voilà donc décrit par le menu la vie quotidienne de ceux qui habituellement dans l’anonymat le plus total, représentent la diversité de la médecine générale ; c’est à dire l’élément central du système de soins. Faut-il encore rappeler qu’en France deux actes médicaux sur trois sont réalisés par les généralistes, que chaque mois un quart de la population a recours à eux ! Mais l’exercice de la médecine générale relève du personnel et de l’intime, et sa visibilité sociale et médiatique est limitée pour le plus grand nombre. Elle ne fait pas partie des disciplines familières de la PMA, Promotion Médiatiquement Assistée…Il a donc fallu la conjonction du passage à l’Euro (et de ses adaptations tarifaires) et d’une double pré-campagne électorale (présidentielle et législative) pour que la partie non visible de l’iceberg de la médecine générale apparaisse à la société française. Ces médecins qui chaque jour sont témoins et pris à témoins de la vie et de la santé de leurs patients, veulent à leur tour, aussi et enfin, être écoutés et entendus.

La question des tarifs est le catalyseur présent au premier plan. Pourtant même si cet aspect est essentiel, il n’est qu’un élément d’un ensemble beaucoup plus complexe. Apres 20 ans de multiples rapports et de commissions sur l’organisation de la médecine générale et les spécificités du métier de généraliste, les problèmes et solutions sont connus de tous les politiques et experts en santé publique. L’actualité témoigne de l’interdépendance des facteurs : la participation limitée des généralistes aux urgences et à la permanence des soins augmente le recours au système d’urgences hospitalier qui demande alors et obtient une augmentation de ses moyens …La question à laquelle il reste à répondre est pourtant : « comment organiser et réguler de façon pertinente une offre de soins non programmés en ville comme à l’hôpital ».

Ce n’est là qu’une des illustrations du problème de fond de l’organisation du système de santé français. Comment mettre en relation confiante et durable deux systèmes médicalement compétents dont les logiques et contraintes sont différentes ? Comment organiser des soins partagés entre un ensemble de professionnels salarié concernés par les 35 heures et un ensemble de professionnels libéraux payés à l’acte et travaillant près de 60 heures.

Le niveau du tarif des actes du généraliste ne doit pas conduire à négliger ou mettre en péril les changements structurels nécessaires au sein de la médecine générale mais aussi dans l’ensemble du système sanitaire. Est-ce être iconoclaste que de rappeler que les seules réponses novatrices officiellement promues par les médecins libéraux, généralistes et spécialistes, le secteur hospitalier, le gouvernement et les Caisses d’Assurance Maladies sont des pratiques médico-sociales en réseaux qui dérogent non seulement aux règles de paiement à l’acte mais sont aussi mieux honorées ?

Beaucoup a été dit sur le C à 18, 18,5, 20 Euros ou plus, et cet arbre ne doit pas cacher la forêt. Il est de la responsabilité des acteurs en place (syndicats médicaux, organismes de protection sociale, gouvernement actuel et futur) de relire les recommandations faites depuis plus d’un quart de siècle. Des recommandations françaises du Haut Comité de Santé Publique à celle du Conseil des Ministres de l’Europe ou de l’OMS pour l’Europe, l’essentiel a déjà été écrit.. Le système de santé français ne peut rester en état.

La crise actuelle ne signifie pas la rupture du système conventionnel mais son besoin de réajustement, de modernisation et il faudra accompagner ces changements. On ne modernise pas un tel « Mammouth » sans volonté, objectifs clairs, méthodes, moyens et temps. L’échéancier d’un tel programme dépasse la durée du mandat d’un président de la république, d’un député ou de tout autre responsable mais l’enjeux est de taille : l’existence, la pertinence et l’efficacité d’un système de santé et de soins toujours solidaire.

Cette période étant celle des voeux, je souhaite à tous et à chacun l’intelligence et le courage politique dans la réflexion comme dans l’action.

Issy les Moulineaux le jeudi 31 janvier 2002


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