SFMG - Société Française de Médecine Générale

Décembre 2009

Après la confusion sur l’information nous assistons à sa dramatisation avec le décompte hebdomadaire des morts. Ces annonces macabres sont reprises avec délectation par les médias : 22 morts en une semaine !

Mais que veut dire ce chiffre ?
Si le taux de mortalité de la grippe H1N1 devait être celui de la grippe saisonnière
(estimé à 0,1%) nous devrions avoir 850 morts par semaine, soit un cumul de 4500 depuis le début de l'épidémie (source GROG 850000 cas hebdomadaire 4,5 millions depuis le début de l’épidémie). Ce faible taux de mortalité de la grippe H1N1 est connu au moins depuis septembre par l’étude de l’épidémie dans l’hémisphère sud et en Amérique du nord. N’aurait-il pas du entrainer une modification de la stratégie vaccinale et inciter à concentrer les efforts sur les personnes réellement à risque, qui sont les mêmes que lors des grippes saisonnières, plutôt que de l’élargir avec tant d’empressement aux lycéens et collégiens ?

Dernière annonce en date, le traitement par Oseltamivir de toutes personnes présentant un syndrome grippal. Sur quelle base repose cette directive ? Les informations que nous avons sur ce type de traitement est qu’il n’existe aucune preuve de son efficacité que ce soit en préventif, en curatif contre les complications ou pour limiter la contagiosité. Comme tout médicament celui-ci a des effets indésirables le plus souvent bénins mais parfois graves. Le fait de prescrire tout azimut va augmenter les risques pour un bénéfice inconnu et possiblement nul d’autant que nombre de patient présentant un syndrome grippal ne sont tous infectés par le virus H1N1.

Nous médecins, avons été habitués à agir à partir de données statistiques nous permettant de peser le bénéfice et le risque de nos décisions, cette directive publiée sans argumentaire nous donne l’impression de servir la santé de la politique plutôt qu’une politique de santé.

Gilles GABILLARD
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