Nième week-end de couvre-feu pendant lequel le premier ministre et celui de la santé répètent à qui veut bien encore les entendre, que la France accélère la campagne de vaccination. Nième message de la Direction Générale de la Santé, le dimanche soir à l’heure où les citoyens rentrent chez eux, nous informant que nous ne pourrions commander qu’un flacon de 10 doses pour la semaine à venir. Lundi le président, sans crier gare, annonce la suspension de la vaccination par Astra Zenica. Enfin, le même jour, mais à 20 heures 54, la « Task Force Vaccination » (en français dans le texte), nous informe par mail que… la vaccination est suspendue.
La question qui se pose ce soir, n’est pas de juger de la pertinence de cet arrêt. La sagesse l’impose probablement. Mais en revanche, ces atermoiements, la semaine dernière comme aujourd’hui, révèlent crument l’absence répétée d’anticipation. La gestion au jour le jour, comme un effet domino, provoque un enchainement de plus en plus rapide des erreurs stratégiques. La volonté de transparence, qui consiste à donner sans la moindre interprétation des données à plat, entrave l’information éclairée. Au final, si transparence il y a, c’est bien celle des autorités sanitaires. On en arrive progressivement à déchiffrer dans les interventions ministérielles d’un jour, les contres messages du lendemain. Nous l’avons vécu pour les masques, pour les tests, pour la vaccination, pour les risques…
Que dois-je faire aujourd’hui en tant que médecin traitant de patients qui ont fait le choix de me faire confiance ? Il m’arrive, comme aujourd’hui de leur dire une chose et son contraire. Je ne me sens plus capable aujourd’hui de relayer les directives que je reçois quotidiennement. Mon activité de santé publique impose la confiance en l’administration sanitaire. Celle-ci fonctionne en mode descendant par injonction depuis un an, sans la moindre excuse. Faire collectif impose attention à l’autre. La notion de task force sous-entend opérationnelle. Elle est du registre militaire et tout bon soldat sait que sans respect du troufion l’enthousiasme au combat s’émousse.
Dans mon rôle de médecin généraliste il y a, et je le revendique, une partie d’action de santé publique. Celle-ci m’impose un fonctionnement différent, pas toujours facile puisque ce qui prime alors est la santé, non pas individuelle, mais populationnelle. Tout repose alors, non pas sur la personnalisation du soin à chaque patient compte tenu de l’état de la science, mais sur l’application de directives communautaires. Le corolaire en est d’avoir confiance en la qualité des messages. A contre cœur aujourd’hui, je ne me sens pas serein pour poursuivre en l’état ma participation à la vaccination.
Olivier Kandel
Membre titulaire de la SFMG
Ces propos n'engagent que l'auteur
EDITORIAL du 8 mars 2021 : Vaccination : cette fois c'en est trop !
La question qui se pose ce soir, n’est pas de juger de la pertinence de cet arrêt. La sagesse l’impose probablement. Mais en revanche, ces atermoiements, la semaine dernière comme aujourd’hui, révèlent crument l’absence répétée d’anticipation. La gestion au jour le jour, comme un effet domino, provoque un enchainement de plus en plus rapide des erreurs stratégiques. La volonté de transparence, qui consiste à donner sans la moindre interprétation des données à plat, entrave l’information éclairée. Au final, si transparence il y a, c’est bien celle des autorités sanitaires. On en arrive progressivement à déchiffrer dans les interventions ministérielles d’un jour, les contres messages du lendemain. Nous l’avons vécu pour les masques, pour les tests, pour la vaccination, pour les risques…
Que dois-je faire aujourd’hui en tant que médecin traitant de patients qui ont fait le choix de me faire confiance ? Il m’arrive, comme aujourd’hui de leur dire une chose et son contraire. Je ne me sens plus capable aujourd’hui de relayer les directives que je reçois quotidiennement. Mon activité de santé publique impose la confiance en l’administration sanitaire. Celle-ci fonctionne en mode descendant par injonction depuis un an, sans la moindre excuse. Faire collectif impose attention à l’autre. La notion de task force sous-entend opérationnelle. Elle est du registre militaire et tout bon soldat sait que sans respect du troufion l’enthousiasme au combat s’émousse.
Dans mon rôle de médecin généraliste il y a, et je le revendique, une partie d’action de santé publique. Celle-ci m’impose un fonctionnement différent, pas toujours facile puisque ce qui prime alors est la santé, non pas individuelle, mais populationnelle. Tout repose alors, non pas sur la personnalisation du soin à chaque patient compte tenu de l’état de la science, mais sur l’application de directives communautaires. Le corolaire en est d’avoir confiance en la qualité des messages. A contre cœur aujourd’hui, je ne me sens pas serein pour poursuivre en l’état ma participation à la vaccination.
Olivier Kandel
Membre titulaire de la SFMG
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EDITORIAL du 8 mars 2021 : Vaccination : cette fois c'en est trop !